La démarche de Thierry Dourdet s’illustre par une recherche d’angles infinis traduisant la modernité de notre monde, et par sa fascination pour les formes urbaines.
La rencontre avec l’imprévu caractérise son travail, au travers d’histoires qu’il créé au fur et à mesure de ses déambulations. Le fond sonore musical qui l’accompagne, accentuant sa sensibilité et son regard, devient alors le fil conducteur des images qu’il nous livre, ou plutôt « des images qu’il nous raconte ».
Très rapidement, il va se forger un style personnel en prenant un parti naturaliste qui traque l’excessif des couleurs naturelles, mais aussi en privilégiant des perspectives inattendues, faisant ressortir des décors improvisés. Son œil aguerri, shoote les lignes visuelles qui se croisent et s’élèvent pour habiter l’espace, créer un cadre propice à l’imaginaire.
Parfois la poésie de constructions toutes simples, cernées par la Nature, une fois capturées par l’œil du photographe, s’expriment pour accéder à la dimension des songes les plus troublants.
Dans ses scénarii solitaires, où transparaît sa sensibilité à fleur de peau, il aime par-dessus tout, se promener au-delà du sujet, au travers des histoires qu’il s’imagine. Il offre ainsi aux autres, un instant, certes imaginaire, mais en même temps parfaitement juste puisque c’est celui de la construction de sa pensée. Car il ne « shoote » qu’une seule fois et à main levée sa cible. Cela traduit son caractère entier, impulsif et intransigeant.
Il aime révéler l’enchaînement de formes posées là par le hasard qui, comme il fait bien les choses paraît-il, en arrive à nous faire croire que l’Homme y est pour quelque chose.
Pour lui, la photo est une perpétuelle scène de théâtre ou de cinéma. Ses sujets prennent forme lorsqu’ils surgissent comme dans une fiction, au moment propice.
Parfois Thierry Dourdet a l’air de mettre lui-même en scène ce qu’il capture. Le traitement de l’espace, en particulier dans la série de clichés qu’il ramène de New-York, suggère la puissance, au travers des perspectives spectaculaires, des jeux d’ombres et de lumières.
Cette forme d’expression qu’est la photographie, lui sied particulièrement. C’est sans doute le seul moment où il goûte la solitude, sans angoisse, en repoussant la perception au-delà du simple domaine du visible. Une perception qui l’absorbe tout entier et où chaque plan est une rencontre.
Sans doute, ne cherche-t-il pas à illustrer le caractère du sujet qu’il photographie, mais la volonté d’embellir son modèle par une forte teinte d’imaginaire, qui en prolonge son existence au-delà de sa réalité.
Le choix de tirages en grands formats, n’est pas seulement destiné aux expositions. Il est aussi un mode d’expression qui prend le pas sur la fonction du sujet, afin de le transporter vers un état extrême.
Ces images fascinent par la mise en exergue de teintes naturellement saturées et par la quête d’un réel excessif des couleurs tel que la nature nous en fait don. Dans le travail de Thierry Dourdet, la couleur mobilise les sens, propre à renverser l’effet du réel, et à imprimer dans notre rétine une nouvelle esthétique positive et optimiste de la réalité.
Carole Grouésy