Amoureux de Paris, berceau de sa famille, Thierry Dourdet aime y flâner pour redécouvrir ses beautés et ses secrets au fil de ses promenades, pour en transmettre l’âme en des photographies précises réalisées à main levée.
Loin de quelconques références, de règles apprises, ses clichés noir et blanc au cadrage très personnel dans lesquels la lumière exalte l’ombre, sont les vecteurs de ses découvertes, de ses admirations. La photo : une passion qui l’habite depuis ses quatorze ans, elle l’incite alors à vider son Livret de Caisse d’Épargne afin d’acquérir l’appareil dont il rêve. Depuis, il n’a cessé d’arpenter Paris et d’autres lieux, parfois lointains, dont il révèle le caractère en des œuvres souvent hautes en couleurs.
Pour cet artiste, créer n’est pas fabriquer mais choisir, cadrer, rencontrer un site, être habité par cette envie de le fixer sur la pellicule à la manière d’un témoin. Thierry Dourdet possède ce regard unique qui capte les atmosphères, la pérennité de bâtiments anciens ou les instants fugitifs.
Le quartier du Palais-Royal au riche passé historique dont les traces demeurent est ici rendu dans sa grandeur et son intimité. Le photographe a sillonné les rues, les galeries, le jardin à la recherche de l’angle qui sublimera l’ordonnance des colonnades et leurs élégants lampadaires, l’opulence des arbres à l’abondante frondaison, la vie quotidienne dans des clichés où dialoguent les contrastes.
Gros plans ou vastes perspectives, cadrages imprévus révélateurs de l’esprit des lieux, Thierry Dourdet varie les angles, privilégie l’architecture rigoureuse qui, souvent, sert de décor ; il n’hésite pas à réaliser un cadrage resserré afin de révéler les détails d’une décoration, d’une embrasure de porte, de grilles en fer forgé. On est séduit par les mises en scène parfois théâtrales, les jeux de reflets à travers la luminosité de vitrines. Une exploration du vécu de ce quartier et de la vie contemporaine.
La quête de lumière s’avère permanente, elle anime les lieux en des œuvres parfois très graphiques et parfois poétiques. Ce photographe de l’urbain découvre ce que nous ne voyons plus : les quelques boutiques survivantes du passé : ateliers de bottier, de luthier, librairie qui ont conservé leur charme, leur ambiance avec leurs vitrines surchargées. Par son regard aiguisé et tendre l’artiste redonne vie à ces témoins d’une autre vie et toujours présents. Parfois sa création se rapproche de celle d’un peintre, ainsi cet atelier de chausseur conçu comme une nature morte ; le flou du fond projette la lumière au premier plan où figurent chaussure, pinceaux, boîtes.
Accompagnant Thierry Dourdet dans ses promenades on partage son admiration et ses étonnements. Son œil aux aguets retient aussi les petits moments, parfois fugaces, qu’il saisit sur l’instant : silhouettes de passants marchant ou se désaltérant à une terrasse ici, un vieux parisien lit son journal, une habitude de longue date, moments promptement saisis sur le vif. Il est attiré par les intérieurs de cafés : les splendides volumes du Café Marly ou le cachet de bistrots où parfois survivent des affiches anciennes.
Retenir le passé, le lier au présent, au-delà de l’image Thierry Dourdet livre sa réflexion sur la vie, le temps qui passe, la présence et l’absence symbolisées par une réunion de chaises, un banc vide au jardin, en attente. Jamais conventionnel, l’art de ce créateur émane d’un regard libre et sensible.
Nicole LAMOTHE
Critique d’art
Paris, septembre 2014
« Paris, Côté Palais Royal » : un livre en édition limitée, en vente exclusivement à l’hôtel.
Conçu et réalisé par Chemin Lisant, agence de communication par le livre.
Disponible à partir du 1er décembre 2014
96 pages – 240 x 320 mm – 40 € TTC